La Femme à poils de Noël

Exceptionnellement, changement de rédacteur pour la femme à poils de Noël. Mon rédac’ chef est occupé par des occupations de rédac’ chef (censure injuste, critique mesquine, essayer de gagner le championnat à NBA 2k17).

Alors pour célébrer la venue de Jésus en -4 avant lui-même, je vais vous parler de l’Origine du monde. On parlera création, beauté et même de poil ! Mais rassurez-vous point question de théologie dans cet article, seulement d’une femme à poils. Au sens figuré comme au sens propre du terme.

L’Origine du monde, exposé au Musée d’Orsay, est donc un tableau peint par Gustave Courbet en 1866, à l’huile sur toile pour ceux que ça intéresse. En gros, l’œuvre, sans le cadre, mesure 46x55cm. Disons un demi mètre sur un demi mètre, soit bien loin des 6x10m du Sacre de Napoléon (conservé au Louvre).

Après le cartel de l’œuvre, passons à l’œuvre elle-même. Elle représente une femme nue, ce qui n’est pas rare en soit. Mais la façon dont Gustave l’a représenté, elle, est unique. Notre bon vieux Gustave nous fait un gros plan sur le sexe nu et poilu d’une femme. La tête de cette dernière n’est pas visible, comme si elle assumait qu’à moitié cette sextape (sexpaint ?). Le réalisme est saisissant, on ne serait pas surpris si elle bougeait.

Mais ayons un bon réflexe, remettons-nous dans le contexte. En effet de nos jours, voir un vagin est assez facile (merci Youporn). Ce n’était pas le cas à l’époque, 1866 pour rappel. Courbet d’ailleurs, avant l’Origine du monde, est un peintre qui se pliait fréquemment aux codes de l’époque. Le Musée d’Orsay conserve plusieurs tableaux peints par lui représentant des paysages, des fruits, et autres natures mortes. Il peint également des portraits très classiques (pas de poils pubiens apparent). Il peint même un enterrement.

Pour les fervents lecteurs qui n’ont fait d’histoire de l’art, les femmes à l’époque, dans les œuvres sont très rarement le sujet de l’œuvre. Nues, elles le sont fréquemment par contre. Mais pas un nu frontal ou provocateur. Négligemment, une de leur main, un vêtement léger ou leur position cachent toujours leur sexe. Toujours (ouais on peut trouver des exceptions pour tout mais faites pas vos relous). Le Déjeuner sur l’herbe de Manet (attention Monet à aussi fait un déjeuner sur l’herbe mais habillé), peint seulement trois ans avant l’Origine du monde, est typique de la représentation féminine de l’époque. Les hommes eux sont habillés, les femmes sont nues mais au final on ne voit rien. La jambe est relevée pour la première, la deuxième est vêtue d’un vêtement léger mais trop loin pour que Manet peigne les détails sexuels.

Revenons à Gustave avec un petit flashback. En 1858, on sent qu’un câble a lâché chez notre ami. Les codes de bonnes pratiques de la peinture, il semble en avoir ras-le-bol. Les baigneuses, peint avec son pote Hector Hanoteau, à quatre mains donc, sort déjà des carcans de l’époque. Une femme nue au premier plan, vraiment nue. Rien ne cache son sexe. De plus, cette fois la femme est dans une position plus que suggestive, elle semble aguichée sa copine et cela ne se fait vraiment pas à cette époque, en peinture ou dans la vie d’ailleurs. Ensuite, je me fais peut être des films mais j’ai l’impression que la première femme essaie d’attraper la main de sa copine pour la faire venir à elle, pendant que l’autre se rince bien l’œil. Cette analyse n’a été approuvée par aucun historien de l’art de renom, mais bon, je maintiens qu’on est à deux doigts d’une scène lesbienne.

Gustave fait donc le grand saut et dessine un sexe féminin en gros plan pour une commande. Imaginez Goldman écrire une chanson pour Slipknot, dur à concevoir n’est-ce-pas ? Notre bon Gustave l’a fait lui. Je finirais avec ma partie préférée de l’histoire, le commanditaire de l’œuvre. Ce monsieur est d’origine turco-égyptienne. Déjà en soit, c’est drôle, un musulman qui commande le sexe féminin le plus réaliste jamais peint. Mais, ce n’est pas le premier musulman venu, Khalil-Bey est l’ancien ambassadeur de l’Empire Ottoman à Saint-Pétersbourg et Athènes. De plus, cela n’est pas son coup d’essai. Il possède une belle collection de nue érotique dont une autre œuvre de Courbet (Le sommeil, conservé au Petit Palais, qui confirme ma thèse de la scène lesbienne) et une d’Ingres (Les bains turcs, conservé au Louvre, moins érotique que les Courbet mais bon, on est loin du Déjeuner sur l’herbe de Manet).

Pour conclure, je me contredirais car tel est mon bon plaisir. En fait, les œuvres exposées des artistes pouvaient être très différentes des commandes qu’ils réalisaient. Ils étaient partagés entre le besoin de notoriété, régis par des codes précis, et les commandes qui étaient leurs gagne-pains, où ils pouvaient lâchés les chevaux. Sans notoriété, pas de clients, pas d’argent, pas de palais.

Alors rappelez vous qu’en allant au Musée d’Orsay, un vagin est inclus dans le prix du billet.

 

BT