La Femme à poils de Janvier : Charlie

Si je devais résumer ma vie aujourd’hui, je dirais que c’est avant tout des rencontres. Des gens qui m’ont tendu la main un jour que je ne pouvais pas, que j’étais seul chez moi… Enfin bref…

Cette première femme à poils de 2017 est une rencontre avec un grand artiste qui sans vraiment le vouloir m’a tendu la main quand je n’allais pas très bien.

Il y a deux ans, on a assassiné des dessinateurs qui comptent parmi mes références culturelles. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé le dessin et bizarrement le dessin de presse. Je collectionnais les caricatures de célébrités dans le Télé Z, je me délectais des dessins de Plantu qui ornaient mes manuels scolaires, je me marrais de la gueule de Louis-Philippe en forme de poire dessinée par Daumier. C’est une passion teintée d’envie car j’aurais tellement voulu être capable de faire de même. Dessiner un personnage rigolo et l’associer à une phrase choc qui dénonce parfaitement une situation, amène à réfléchir sur le monde qui nous entoure. Un dessin vaut toujours mieux qu’un long discours.

Mon grand-père me fit lire les Ritals de Cavanna. Logiquement, je découvris dans le même temps qu’un bal tragique à Colombey avait fait deux morts. Et ce fut ma rencontre avec Cabu et Wolinski et ses femmes à poils. Cette rubrique n’existerait sûrement pas s’il n’y avait pas eu Wolinski. Quand des glandus ont décidé que le dessin que pratiquaient ces gars était trop puissant, ce fut un choc comme un gros coup de savate dans l’estomac. On a les jambes qui flageolent, on sursaute face à un bruit suspect, bref on a la trouille.

Alors quoi de mieux qu’un dessin pour sortir la tête de l’eau ?

En avril 2015, Joann Sfar réalisa un travail autour de l’œuvre du peintre Pierre Bonnard. Une exposition lui était alors consacrée au Musée d’Orsay. Ce travail consistait à imaginer le dialogue intérieur des modèles féminins du peintre. Sfar exécuta ainsi une série de nues intitulée Je l’appelle Monsieur Bonnard reflétant les pensées de ces muses esseulées attendant désespérément la venue de l’artiste. Outre une exposition à Artcurial, la série fit l’objet d’une publication chez Hazan.
Étant un grand admirateur du travail de Joann Sfar s’est tout naturellement que je me présentai au vernissage de cette exposition. Le dessinateur offrait à cette occasion une séance de dédicace. L’occasion était trop belle.

« -Bonjour, qu’est ce qui vous ferez plaisir?
– Puisqu’on est là pour ça, j’aimerais bien une femme nue en pieds…
– Ah un fétichiste ! Vous avez raison, moi aussi j’adore les femmes nues !
– 🙂
– Bon, parlez moi un peu de vous ?
– Je voulais vous dire merci pour ce vous avez dit aux César cette année, ça m’a fait beaucoup de bien… »

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Hector