Les Chroniques du Runner Bobeauf : EPISODE 1

Semi-marathon de Boulogne-Billancourt

Oui le bobeauf est touché par cette vague du running. Cet effet de mode qui pousse de plus en plus de gens, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes à chausser des baskets et partir à l’assaut du bitume, du bois de Vincennes ou de la première voie verte croisée. Oui le bobeauf est un coureur à pied vivant dans le souvenir d’Alain Mimoun avec une conception toute particulière de la pratique sportive. Il est donc légitime que vous vous posiez cette question : étant donné son penchant pour l’alcool et la bonne bouffe, comment le bobeauf gère-t-il cette situation apparemment paradoxale ?

La réponse vous sera donné tout au long de ces chroniques. Vous apprendrez à être ou à devenir un runner bobeauf, un individu capable de réaliser des semi et autres marathons tout en gardant une hygiène de vie plus proche de celle de Gérard Depardieu que d’un ascète vegan.

Pour cette première chronique du runner bobeauf, je vous emmène en proche banlieue parisienne dans l’un des plus réputés semi-marathons d’Île-de-France : le semi-marathon de Boulogne-Billancourt.

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Le bobeauf runner vit dans un environnement bobeauf avec d’autres bobeaufs. La plupart de ses congénères ont arrêté le sport ou tout autre activité physique il y a bien longtemps. Le défi d’être bobeauf et sportif est donc assez difficile à relever puisque le bobeauf runner est souvent face à lui-même. Il doit rester compétitif face aux autres runners qui eux ont une hygiène de vie et une préparation beaucoup plus sérieuse.

Pour ma part la préparation de ce semi-marathon a débuté dans la seconde moitié du mois d’Août c’est-à-dire lors de vacances dans le pays catalan. Dans ces régions méridionales, il vaut mieux privilégier les sorties le matin assez tôt. Déjà il y fait moins chaud et à votre retour vous aurez, en guise de récompense pour vos efforts, le plaisir de déguster pour l’apéro un délicieux fouet catalan accompagné d’un petit verre de muscat de Rivesaltes.

14203125_10154383983658614_7841355831098653966_nL’alcool déshydrate et il est nécessaire d’accompagner votre consommation de spiritueux d’au moins le double d’eau en termes de quantité. Ne buvez pas ou très peu (maximum un pinte, oui une pinte pour le bobeauf ce n’est pas beaucoup!) la veille de courir.

La préparation s’est donc ainsi déroulé entre sorties longues et séances de fractionné à raison de 2 à 3 séances par semaine. Les phases de récupération étant consacré à boire des coups et sortir au resto entre potes, on est pas des bêtes…

La veille, dodo vers 23h 23h30 après un petit repas, pâtes au pesto accompagnées de l’infâme bière sans alcool offerte par l’organisation. Déjà que le principe de bière sans alcool représente pour moi un crime de lèse-majesté, là on est face à du mauvais schweppes, bref une hérésie.

L'objet du délit : la bière sans alcool !
L’objet du délit : la bière sans alcool !

Le jour se lève sur la belle cité de Boulogne-Billancourt. Le soleil est radieux, les oiseaux chantent… Non en vrai c’est la merde, il y a un vent à décorner des taureaux et il pleut comme vache qui pisse (oui j’aime les métaphores bovines).
Il est 8h, la course est dans deux heures et je me demande si mon petit ensemble Under Armour à capuche va tenir la distance sous la flotte.

Petit déj : thé plus biscuits secs type « Petit Déjeuner » de Lu. J’aurais préféré des chocapics mais le lait n’est vraiment pas recommandé même pour un bobeauf runner.

Je m’enfile la moitié de ma bouteille de Powerade faite maison. Oui il est plus économique d’acheter des pots de poudre bleue (presque 500g) qu’on dilue dans l’eau qu’une bouteille toute prête achetée dans le commerce. Et puis, c’est cool on a l’impression d’être Lance Armstrong préparant son cocktail détonnant avant d’affronter l’Alpe d’Huez.

9h15-9h30, il s’est arrêté de pleuvoir. J’aime cette atmosphère post-pluie, un peu fraîche, parfaite pour courir au long cours. Je m’échauffe derrière le centre Paul Landowski en ayant l’air inspiré. Montées de genoux, talons-fesses… L’important est de bien faire comprendre à vos adversaires du jour que vous n’avez rien à envier aux kenyans et autres est-africains. En vrai, vous allez, comme tout le monde, être à la ramasse après le 15ème kilomètre.

Coup de pistolet, le départ est lancé !!! Toi tu pars 5 à 10 bonnes minutes après les pros comme tous les glandus qui se sont levés ce dimanche matin pour assouvir leur penchants masochistes. Je passe devant mon ancienne adresse avec la chanson du grand Charles dans la tête :

« La bohème, la bohème
Ça voulait dire, on a vingt ans
La bohème, la bohème
Et nous vivions de l’air du temps

Quand au hasard des jours
Je m’en vais faire un tour
À mon ancienne adresse
Je ne reconnais plus
Ni les murs, ni les rues
Qui ont vu ma jeunesse
En haut d’un escalier
Je cherche l’atelier
Dont plus rien ne subsiste
Dans son nouveau décor
Boulogne semble triste
Et les Renault sont morts »

RIP 247 Ter… (comprenne qui pourra)

Passé cet instant nostalgie, je rentre véritablement dans ma course. Je suis étonnamment bien malgré une préparation approximative. Je me cale bien derrière le meneur d’allure « 1h50 ». Je ne cours pas, je vogue sur la Seine qui nous accompagne en ce début de course et que l’on retrouvera en fin de semi. Je perds le groupe au ravito du 10e kilomètre, enfermé derrière Véronique et Davina ou du moins leurs filles. Je suis toujours bien, je fais un peu le kakou au moins pour en mettre plein la vue aux gonzesses sur le bord de la route. Du coup, j’ai une pointe de côté au 13e kilomètre. On relonge la Seine, je reprends mon souffle. Je suis alors avec un petit groupe sympa, des échanges de relais se mettent en place spontanément.

C’est aussi ça la beauté de la course à pied. On court en équipe sans s’en rendre compte. Arrivé au 18e kilomètre, je lance mes derrières tripes dans la bataille et abandonne mes compagnons d ‘infortune. C’est bien gentil l’esprit d’équipe mais je partage pas la vedette sur la photo de la derrière ligne droite que j’enverrai à ma mémé. Dernier kilomètre, je vois les photographes prêts à immortaliser ma performance exceptionnelle. Les pauvres, ils peuvent bien te la vendre la peau des boobs cette photo. Ils se sont gelés les bourses et les scrotums toute la matinée.
En leur honneur, je leur adresse un magnifique dab que Paul Pogba n’aurait pas renié. Fin de la course en 1h52, record personnel, rideau, au revoir messieurs dames.

Le fameux dab !
Le fameux dab !

Pour fêter cela, un petit Apremont vieille vigne m’attend à la maison. Avec un reblochon, ça passe toujours bien. Il ne faut pas perdre le rythme avant la prochaine course…

Hector